2023, on y est ! Et qui dit nouvelle année dit nouvelles résolutions. Et comme tous les ans, l’une des résolutions phares est “cette année je perds du poids, je me remets en forme”. Une occasion à ne pas manquer pour les mastodontes du secteur qui rabâchent leurs promesses à grand renfort de spots publicitaires. Alors aujourd’hui j’ai décidé de vous raconter la fois où je suis volontairement allée à l’entretien d’embauche de l’un d’eux (le titre vous aidera à savoir lequel) afin d’en découvrir un peu plus sur l’envers du décor. Prenez un thé parce que le mien est brûlant.

Lundi matin, 9h.

Je suis un mélange d’appréhension (ben oui c’est un entretien d’embauche quand même) et d’excitation non dissimulée. Je me sens comme James Bond, version tailleur et talons hauts. Je parcourais sur Indeed une liste ennuyeuse à mourir de postes non pourvus lorsque l’un d’eux a attiré mon attention : Comme J’Aime, aka le mastodonte des régimes minceurs, recherche des chargés de clientèle. Ni une, ni deux, ma curiosité et mon attrait naturel pour la nutrition me poussent à cliquer. Depuis des années je suis une fervente convaincue que les régimes ne servent à rien, mais quand même, je suis curieuse de savoir comment cette entreprise à su se hisser à un rang aussi élevé sur le secteur difficile de la perte de poids, avec des concurrents aussi sérieux que le fameux Weight Watchers par exemple.


L’annonce est assez banale mais moi je meurs d’envie d’y aller. Qu’on ne se méprenne pas : je me fiche du job comme d’une guigne, et même si j’étais prise, je ne compte pas travailler là-bas. Vendre mon âme à l’industrie des régimes à 1200 kcal, jamais ! En revanche je suis extrêmement curieuse de voir l’envers du décor, COMMENT vendent-ils, comment les employés sont ils recrutés, formés, et surtout : comme j’aime, concrètement, ça vaut sa réputation ? Certains disent que c’est une arnaque, Benjamin Castaldi et Adriana Karambeu en vantent les louanges dans de trèèèèèès discrètes publicités, je ne sais qui croire.


Alors qu’à cela ne tienne, j’irai chercher l’info à la source ! Le temps de fignoler et d’envoyer mon CV, me voilà déjà convoquée. Je me sens comme une agente secrète infiltrée.

 

Le début des galères

Avant mon infiltration à proprement parler, je me heure à une première entourloupe : trouver le bâtiment ! Les bureaux sont construits dans un parc moderne et excentré dont on a omis de me fournir le plan. Après moult allées et venues, je finis par arriver non sans mal à bon port. Je me présente à l’accueil et on m’invite à m’asseoir. Etape 1, reprendre mon souffle. Etape 2 : juger aussi discrètement que possible les autres personnes présentes. Je pensais passer un entretien individuel, tout ce qu’il y a de plus classique. Il s’avère que je suis en réalité convoquée à une session de recrutement, autrement dit un entretien avec plusieurs candidats d’un coup. On va nous expliquer ce qui est attendu de nous, nous donner un rudiment de formation et à l’issue de cela, un test fatidique : un de nos potentiels supérieurs nous téléphonera en se faisant passer pour un client et nous devrons réussir à clore la vente. À tout moment du processus nous sommes libres de partir si nous ne nous sentons pas à notre place. Autant dire que c’est un entretien assez inhabituel mais je me sens prête à rester le plus longtemps possible, mon âme de néo-journaliste est affamée de détails et je veux revenir avec le maximum d’infos. Hauts les cœurs, c’est parti !

 

Bienvenue au bloc

Une table ovale, des murs blancs, c’est une chirurgie à cœur ouvert qu’on pratique ici ou des entretiens ? Nous prenons tous place les uns à côté des autres, je compte environ 8 candidats en tout. Notre formatrice / recruteuse / insérez un terme approprié, nous donne son nom et nous explique le déroulé de notre après-midi. Tout commence par un topo sur l’entreprise : Comme J’Aime et son nouveau bébé Ange Gardien, c’est quoi ? Des programmes minceurs ayant pour objectif de livrer des repas directement au domicile du client. Celui-ci n’a plus qu’à les réchauffer et les consommer. Exit la charge mentale du menu, de la cuisine, tout est pensé pour lui et en prime on lui offre la promesse de repas équilibrés et sains qui lui permettront de se délester des kilos qu’il souhaite afin de se sentir bien dans ses baskets. Génial non ? Attendez la suite.

Après un rapide tour de table, j’apprends que mes potentiels futurs collègues sont issus de formations commerciales pour la plupart, aucun n’a étudié la nutrition. Surprenant ? Pas tant que ça vous allez vite vous en rendre compte.

On nous affuble déjà d’un nouveau titre : nous sommes des « conseillers minceurs » et c’est ainsi que nous devrons nous présenter aux clients. Le principe est simple : sur le site internet de Comme J’Aime, les clients potentiels ont la possibilité de demander à être appelés chez eux par un conseiller de l’entreprise pour discuter de leur projet de perte de poids. Et qui appelle les clients ? C’est nous ! Nous, de parfaits néophytes en ce qui concerne la nutrition. En effet, la création du plan alimentaire incombe à une diététicienne-nutritionniste diplômée, notre rôle à nous n’est donc que de convaincre et persuader le client jusqu’à obtenir le précieux sésame : ses codes de carte bleue.

 

La formation du jour n’aura donc pas tant pour but de nous apprendre comment équilibrer ses repas ou donner de bons conseils aux clients mais comment convaincre (s’appuyer sur la logique) et persuader (s’appuyer sur les sentiments) pour faire passer à l’achat. Mention spéciale si le client pleure : c’est un excellent signe. -je ne fais ici que rapporter ce que l’on m’a appris dans cette obscure session de recrutement-

 

L’appel se déroule donc en plusieurs phases :

Phase 1 : Bonjour, je me présente je suis [prénom] conseiller minceur chez Comme J’Aime, vous avez souhaité être rappelé pour parler de votre projet ? (toujours avoir l’air de sourire au téléphone, ça s’entend dans la voix, finir par une question permet d’éviter les blancs)

 

Là ça se joue au petit bonheur la chance. Soit vous avez un client bavard et avenant qui va vous faciliter la tâche, soit vous tombez sur Grincheux de Blanche-Neige et les 7 Nains et vous vous demandez bien qui lui a mis le couteau sous la gorge quand il a sollicité cet appel.

Ensuite, vos compétences de commercial entrent en jeu : vous entrez dans la phase numéro 2 : celle qui consiste à obtenir le MAXIMUM d’informations sur le client. Son poids, son âge, sa taille de vêtements, combien de kilos souhaite-il perdre, pour quelle occasion, vit-il seul, a-t-il des amis, un travail ? Lequel ? Comment s’organisent ses journées ? Qui cuisine à la maison et en combien de temps ? Que mange-t-il au quotidien ? Quel est son budget courses ? Qu’achète-t-il au magasin ? Vous devez TOUT savoir en particulier les informations sensibles : comment vous sentez vous dans votre corps, depuis quand êtes vous en surpoids, pourquoi souhaiteriez vous maigrir, avez-vous déjà fait d’autres régimes avant ? Comment ça s’est passé ? Pourquoi solliciter comme J’Aime ?

Vous êtes en train de remplir votre stock de munitions pour ensuite aller achever votre client avec.

 

Voilà venu le moment de la phase 3 : ça passe ou ça casse ! Vous allez tourner soigneusement chaque information grapillée en votre sens pour faire comprendre au client qu’il a tout intérêt à souscrire au programme pour atteindre ses objectifs. Evidemment, vous devez vous préparer à ce qui hante tout commercial : les objections. Les clients ne signent pas sans donner un peu de fil à retordre, ils vous opposent à leur tour des arguments, disent que c’est trop cher, demandent si ça marche vraiment et j’en passe. Il ne faut pas avoir peur de passer UNE HEURE pour clore une seule vente. Et quand vous réussissez, vous pouvez être fier : un immense tableau blanc dans le centre d’appels récapitule quel commercial a vendu aujourd’hui de sorte à vous mettre en compétition. Plus anxiogène, tu meurs.

 

Mais perso, je vois pas le mal, ça a l’air sympa leur truc non ?

 

Alors sur le papier en effet, une diététicienne qui te concocte un menu qu’on te livre chez toi, que tu n’as qu’à réchauffer et manger pour perdre du poids sans réfléchir à rien, ça vend du rêve. Cependant, il y a pas mal de hic.

Déjà, les conseillers au téléphone, ceux qui vont vous convaincre d’acheter n’y connaissent RIEN en nutrition. On est des commerciaux, pas des diététiciens. Et pour un programme diététique, je trouve ça sacrément problématique.

Ensuite, on s’appuie sur vos faiblesses sans aucun scrupule pour vendre. Le client pleure ? Parfait. Le client va se marier et se sent moche dans sa robe ou son costume ? Du pain béni ! On adore ce genre de détails parce qu’ils vont nous permettre de jouer sur l’émotionnel et vous persuader d’acheter en vous donnant exactement ce que vous cherchez : une solution facile, rapide, sans efforts et qui marche.

 

Sauf que ça marche pas tant que ça…

 

Le principe même de Comme  J’Aime, c’est le régime hypocalorique. En clair on donne à votre corps moins d’énergie (les calories) que ce dont il a besoin pour l’obliger à puiser dans ses réserves. Le hic c’est qu’avec comme j’aime, on vous donne BEAUCOUP moins que ce dont votre corps a besoin, ce qui signifie que c’est carrément dangereux et que vous avez de fortes chances d’avoir faim, de craquer, de reprendre le double. De plus, imaginez réellement que le déficit calorique prolongé fonctionne : vous avez besoin de 2000kcal, Comme J’Aime vous en donne 1200. Au bout d’un moment vous allez tout simplement disparaître non ? Eh ben non, car votre corps est futé. Au plus vous allez l’affamer, au plus il va ralentir : vous vous sentez fatiguée, le moindre mouvement vous aspire votre énergie, la simple perspective de vous lever pour vous faire un thé semble demander trop d’efforts et … « oh, la flemme ». En vérité cette baisse d’envie de bouger est tout à fait logique : votre corps est sous alimenté donc il économise partout où il peut. La cerise sur le gâteau ? Vous ne perdez plus de poids.

 

Et enfin mentionnons-le quand même, comme j’aime, c’est cher. Genre vraiment. A partir de 107€ la semaine rien que pour la formule la moins chère ! Quelques heures passées en cuisine à vous faire des petits tupperware maison vaudront bien plus le coup, croyez-moi.

 

Tu as fait le programme Comme J’aime ou tu as travaillé chez eux ? Balance ton témoignage en commentaires !

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